Des lanceurs de paintball pour chasser la chenille processionnaire du pin

Publié le 16 Décembre 2015

Après les frelons asiatiques (voir article ici), le paintball s'attaque aux chenilles.

Suite aux dérèglements climatiques, elle remonte vers le Nord. Pour chasser cette chenille urticante pour l'Homme, une entreprise française a eu l'idée de convertir des lanceurs de paintball en diffuseurs de molécules odorantes.

Urticante, la chenille processionnaire du pin étend sa zone d'habitat vers le Nord, au gré du changement climatique. Pour lutter contre ce ravageur, une société française a eu l'idée de larguer des phéromones sexuelles dans les forêts de pins, en utilisant des fusils de paintball. L'intérêt ? Empêcher les mâles de repérer les femelles.

Et c'est un parfait tue l'amour contre ce ravageur : « Nous diffusons uniquement la signature odorante de cette chenille Ainsi, on ne perturbe pas les autres espèces », explique Johann Fournil, directeur du développement de l'entreprise française de chimie «M2i Life Sciences». La signature odorante, ce sont des molécules appelées phéromones, qui déclenchent divers comportements chez les êtres vivants. Dans ce cas précis, l'accouplement.

Diffusées en grande quantités dans les pinèdes, les phéromones sexuelles créent la confusion chez les adultes mâles (papillons) pour les empêcher d'identifier les femelles et de se reproduire. De quoi lutter contre une petite bête qui cause de sérieux soucis de santé publique.

Des lanceurs de paintball pour chasser la chenille processionnaire du pin

« L'avancée est réelle, environ 4 km par an. Des travaux de nos confrères à Orléans ont montré que cette expansion est liée au changement climatique», explique Jean-Claude Martin, de l'Institut National de Recherche Agronomique (INRA). On retrouve la chenille processionnaire dans le Morbihan et depuis peu en région parisienne.

Au premier coup d'oeil la chenille processionnaire du pin n'a pourtant rien d'effrayant. Et pourtant. Ses poils urticants entraînent des irritations douloureuses comme une piqûre de vive, chez les humains comme chez les animaux.

Des lanceurs de paintball pour chasser la chenille processionnaire du pin

Le danger se répète chaque année, quand elle descend les troncs des pins pour former d'impressionnantes processions sur le sol. Fascinantes pour les enfants, les chenilles attirent aussi Médor et consorts. Funeste idée.

Car sur les muqueuses d'un animal, par exemple la langue d'un canin, le risque est la mort des tissus, la «nécrose». Pour ne rien arranger, la chenille perd ses poils, ce qui dissémine la menace au gré du vent. Les exploitants des forêts de pins sont aussi concernés : un pin touché par la chenille grandira moins vite et perdra de sa valeur commerciale.

Confusion sexuelle au paintball

Durant l'été 2015, sur une colline proche de la ville de Tarascon (Bouches-du-Rhône), des parcelles de pin d'Alep ont été le théâtre d'un drôle de jeu scientifique : le paintball aux phéromones. Des gardes forestiers armés d'un fusil paintball ont projeté sur les troncs des billes contenant ces phéromones .

« Nous créons un « nuage » qui fait que les papillons mâles sont incapables de reconnaître les femelles et de s'accoupler. Soit ils meurent d'épuisement, soit ils quittent la parcelle », explique Johann Fournil. Les billes en cire d'abeille ont été projetées sur un tronc en hauteur, pour qu'elles s'y collent. Elles se sont biodégradées ensuite au soleil, libérant les phéromones progressivement, sans manipulation ultérieure.

L'invention est encore au stade de l'expérimentation, mais « les premiers tests sont extrêmement concluants », constate Jean-Claude Martin du centre de recherche PACA de l'INRA. Il pilote ces essais dans le cadre du plan Ecophyto, qui vise à réduire l'usage des pesticides.

L'idée est d'obtenir une solution non toxique contre Thaumetopoea pityocampa, ainsi que les scientifiques appellent la chenille. Une solution qui soit plus efficace que les alternatives existantes. Car plusieurs outils non polluants existent déjà : pièges à papillons et à chenilles ou encore perchoirs à mésanges : certains gestionnaires de parcs les installent car ces oiseaux adorent mettre la chenille à leur menu. Mais ces nouvelles méthodes sont coûteuses et demandent des moyens importants.

Des lanceurs de paintball pour chasser la chenille processionnaire du pin

Les billes de cire ont en germe une double promesse : être 100 % écologiques et avoir une grande simplicité d'installation, d'où un coût moins important.

Avant que l'invention puisse être commercialisée, peut-être en 2017, il faudra attendre la fin de l'expérimentation. Mais déjà, les initiateurs du projet envisagent de dupliquer leur outil à d'autres arbres menacés par des insectes : le chêne et pourquoi pas ensuite, des arbres fruitiers. «Dans tous les cas, il ne s'agira pas d'éradiquer partout et systématiquement les insectes nuisibles », tempère Jean-Claude Martin. Les chenilles jouant un rôle dans l'écosystème, il s'agit de « rétablir l'équilibre », en limitant les populations.

Artille de Thibault Lescuyer de l'Agence Créative CulturElle le 28 octobre 2015.

Article paru sur le Parisien.

Durant l'été 2015, sur une colline proche de la ville de Tarascon, des parcelles de pin d'Alep ont été le théâtre d'un drôle de jeu scientifique : le paintball aux phéromones. (Crédit photo : Jean-Claude Martin / INRA)

Durant l'été 2015, sur une colline proche de la ville de Tarascon, des parcelles de pin d'Alep ont été le théâtre d'un drôle de jeu scientifique : le paintball aux phéromones. (Crédit photo : Jean-Claude Martin / INRA)

Rédigé par Regman

Publié dans #News

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